jeudi 18 juillet 2013


Le Soleil émet en direction de notre planète un vent de particules chargées qui interagissent avec la magnétosphère terrestre et provoquent alors des interférences. Et 2013 correspond à un pic d'activité !

UN PIC D'ACTIVITÉ. Vous avez-eu du mal à passer certains appels téléphoniques ces derniers temps ? Votre GPS mettait un peu plus longtemps que de coutume à vous localiser sur la carte ? Votre téléphone ramait un peu pour ouvrir cette satanée page web en 3G ? La faute en était peut-être à une bouffée de particules émises par notre astre de feu...
En effet, la surface du Soleil ressemble à un océan incandescent déchaîné, parcouru ponctuellement de véritables éruptions. Ce sont alors des geysers de plasma aux dimensions colossales qui, chauffés à des dizaines de millions de degré, jaillissent hors de l'étoile. Ces derniers montent alors à plusieurs centaines de milliers de kilomètres de haut, à la vitesse ahurissante de 1 500 km par seconde.
De ces jets de plasma, s'échappent alors des nuées de protons et d’électrons hautement chargées en énergie, qui cinglent violemment tout obstacle sur leur passage…
De telles éruptions solaires sont fréquentes à la surface de notre astre. Mais leur nombre croît et décroît régulièrement en suivant un cycle d’une dizaine d’années. Or, 2013 correspond à un pic de cette activité. Pour preuve, depuis le 13 mai dernier, notre astre a émis coup sur coup quatre colossales éruptions immortalisées dans cette superbe vidéo préparée par l’Observatoire de Paris.
Les éruptions observées en extrême ultraviolet par le satellite SDO/AIA de la NASA.
Ces geysers de matière prennent naissance dans les zones plus sombres à la surface de notre astre : les taches solaires. « Ce sont comme des "boutons d’acné" qui fournissent toute l’énergie qui est libérée lors de l’éruption », commente Guillaume Aulanier, astrophysicien à l’Observatoire de Paris. La plupart du temps, ces décharges de particules se perdent dans le vide de l'espace. Mais lorsque ces taches sont orientées vers notre planète, le flux énergétique déferle alors en direction de la Terre.

Un bouclier magnétique contre la tourmente.

Que se passe-t-il alors ? La plupart des particules est heureusement déviée par le champ magnétique terrestre, qui constitue un véritable bouclier. Du moins pour tout ce qui se trouve en dessous...
Schéma présentant une tempête solaire arrivant dans la magnétosphère. Crédit : AFP.
En effet, les satellites géostationnaires (tels que ceux utilisés pour le système de positionnement par satellite) sont placés à très haute altitude (à plus de 35 000 km du sol) et moins protégés par la magnétosphère lorsque celle-ci est déformée par ces "bourrasques" de particules. Exposés au flux de particules, ils deviennent alors vulnérables à un certain nombre de risques.
"On pourrait observer de arcs électriques susceptibles d’endommager les panneaux solaires, énumère Guillaume Aulanier. Le satellite pourrait interpréter des messages électriques comme de fausses commandes. Et dans le pire des cas, on peut imaginer qu’un proton à haute énergie vienne frapper une microsoudure sur un composant électrique, et l’abîme, mettant ainsi le satellite hors service", détaille l'astrophysicien.
Mais il peut aussi en résulter un simple brouillage du système de transmission, du fait des fluctuations brusques et intenses du magnétisme terrestre.
Autre effet et non des moindres : sous l'impact, le champ magnétique terrestre se trouve légèrement compressé. Cette variation du champ magnétique terrestre sous l'effet du vent solaire peut alors générer des courants électriques au niveau du sol. En résultent parfois de splendides aurores boréales. "Mais de tels courants peuvent avoir pour conséquence de saturer les transformateurs électriques" affirme Guillaume Aulanier. "En mars 1989, au Québec, un tel "orage magnétique" avait provoqué une gigantesque panne de courant pendant neuf heures !" 
Mais il n'y a pas que par ses spectaculaires (et heureusement ponctuelles) éruptions que le soleil peut influer sur la qualité de nos communications téléphoniques. Le "vent solaire" qu'il émet en permanence peut aussi, dans une moindre mesure, avoir un effet similaire.
En effet, en temps normal, le soleil émet en permanence un flux "lent" de protons et d'électrons. Une "lenteur" toute relative puisque ces particules filent tout de même à 350 km/s. Mais par ses pôles, le soleil émet également un vent deux fois plus rapide. À la surface du soleil, ces émissions de vent solaire rapide se manifestent par l'apparition d'un "trou coronal" tel que celui-ci :
Trou coronal à la surface du soleilL’image est issue d'une combinaison de 3 longueurs d’ondes lumineuses. Crédit : NASA
Dans cette image du soleil en fausses couleurs, on remarque une tache correspondant au trou coronal par lequel s'échappe les vents solaires les plus rapides. Elle apparaît en bleu-violacé, ce qui signifie que cette zone d'où sont émises les particules solaires est plus froide et moins dense que le reste de la couronne solaire. Celui-ci, survenu fin mai a eu pour particularité d'être particulièrement étendu. C'est l’un des plus importants jamais observés depuis au moins un an précise la Nasa.
PICHENETTE. Généralement ce vent solaire, même puissant, passe bien plus inaperçu qu'une véritable éruption solaire. Guillaume Aulanier tente une analogie : "En terme de puissance, une éruption solaire c'est comme un bon coup de pied aux fesses, tandis qu'un vent solaire puissant correspondrait à quelqu'un qui vous pousserait doucement de la main" s'amuse l'astrophysicien. De ce fait, les perturbations générées par un trou coronal ne sont susceptibles de perturber les communications à la surface de la terre que durant quelques jours tout au plus.
Combien de temps va durer ce pic d’activité du Soleil ? C’est difficile à dire. Si les cycles solaires durent en moyenne un peu plus de 11 ans, il n’est pas rare d’observer des variations allant de 9 à 14 ans. La mission Solar Orbiter de l’agence spatiale européenne (ESA) qui vise à mettre un satellite d’observation en orbite autour du soleil d’ici 4 ou 5 ans, pourra peut-être permettre de mieux appréhender ces mécanismes.

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